Cher Mr Jones,
Ceci est la première lettre que je t'adresse. Tu vas certainement me prendre pour une folle dans la mesure où tu n'existes pas, mais ce n'est pas vraiment grave vu que, justement, tu n'existes pas. Ne m'en veux pas si, à l'avenir, je me plains très souvent auprès de toi. J'ai besoin d'un ami, de quelqu'un à qui je puisse parler comme je pourrais me parler à moi. Alors sois compréhensif s'il te plait, je ne te demande rien de plus qu'une présence, qu'une oreille attentive.
Mr Jones, tu n'as pas de dear family toi, et, dans un sens, tu dois avoir l'esprit bien plus tranquille que moi.
Ma dear family à moi, je ne la considère même plus comme dear, et à peine family.
Ma dear mummy est dépressive et me ressemble bien trop pour que je puisse m'entendre avec elle. Elle prétends toujours soutenir mes choix. Le comble de l'hypocrisie si tu veux mon avis. Alors bien sûr je suppose que quand je fais le choix qui lui convient, oui, là elle doit vraiment me soutenir. Mais dès que le mouton s'écarte un peu trop du chemin, hop, elle est là, à jouer les déçues et les contrariées. Elle retourne sans arrêt sa veste, ramène toujours tt à elle. Résultat, quand j'essaie de lui confier ce que je ressens, on finit toujours, et invariablement, à parler de ses problèmes, de ses malheurs à elle, et moi je dois l'écouter, toujours, toujours...
Ma dear mummy a des opinions. ça pourrait être bien si elle n'en changeait pas toutes les semaines, se contredisant sans arrêt. Ma dear Mummy a des idées et des idéeaux. Mais là pareil : ils sont plus instables qu'un atome d'uranium. Ma dear mummy me dit qu'un jour j'écrirai et je publierai parce que je suis douée. Mais comment pourrait-elle le savoir ? elle n'a jamais rien lu de ce que j'ai pu écrire jusqu'à présent. Et une fois encore elle dit croire en moi, mais je vois bien qu'elle pense que, pour moi, l'écriture c juste un bâton qu'on donnerait à un chien pour qu'il fasse mumuse.
Ma dear mummy n'est pas douce. Ce n'est pas le genre de mummy à s'assoir sur vitre lit quand vous avez fait une bêtise et à vous parler, à vous expliquer ce qui ne va pas, qui arrive à vous faire changer d'avis sans changer de ton. Non, moi ma dear mummy n'a rien d'une mummy de sit-com. Ma dear mummy crit. Ma dear mummy se fache pour rien. Ma dear mummy est égoïste. Ma dire mummy ne se met jamais à la place de ses filles. Jamais. Et quand elles vont mal, elle le prend pour elle et leur rentre dedans. Ma dear mummy est susceptible. Quand on dit quelque chose de vrai et qu'elle ne veut pas faire face à cette vérité parce que dans sa tête ce n'est pas comme ça, elle nous rentre aussi dedans.Est-ce qu'elle se dit qu'ainsi les choses iront mieux ?
Ma dear mummy croît être une bonne mère. Mais moi je lui en veux. Je lui en veux terriblement de m'avoir (en partie) rendue comme je suis aujourd'hui. Parce que ma dear mummy n'éduque pas : elle dresse. Et elle nous a bien dressées. Mr Jones, nous sommes devenues de bon petits soldats. Sauf que moi j'ai fini par me rebeller et que je suis devenue genre, la petite insolente, l'artiste ? Non. Parce qu'elle ne croit même pas que j'ai un quelconque talent.
Je ne supporte plus ma dear mummy. Je ne supporte plus qu'elle me touche, qu'elle me parle, qu'elle rit, qu'elle se fache, qu'elle se lance dans ses grands discours idéaliste, ses moi-jeujismes et tt le reste.
Alors oui Mr Jones, je suppose que quelque part je dois lui être reconnaissante de m'avoir donné la vie. Mais si ct pour me la pourrir à ce point, ce n'était pas la peine de me faire venir au monde car, de toute façon, je ne vis que dans mes rêves.
Cher Mr Jones, je ne vais pas continuer avec les autres membres de ma famille ou j'en aurais pour le reste de la nuit et tu finirais par t'ennuyer. J'arrête donc là cette lettre pour tenter d'aller faire face à la vie.
et voici une lettre qu'un spécialiste freudien
décoderait avec plaisir