Samedi 5 décembre 2009 à 7:51
Je regarde le clavier et j’inspire profondément. Je me dis cette fois-ci c’est la bonne. Et mon cœur se met à battre plus vite. Parce que cette fois-ci c’est vraiment la bonne. Et mes doigts se mettent à sautiller sur les touches à la manière de petites grenouilles de verre. Et j’espère que cette fois-ci c’est la bonne. Cette fois-ci je vais finir cette histoire. Cette fois-ci j’irai au bout des choses. Sans lâcher en cours de route. Sans me lasser. Sans avoir peur. Sans passer à quelque chose d’autre.
J’espère que cette fois-ci c’est la bonne.
Si ma vie était un film de série B, cette fois-ci serait la bonne. Oui.
Il y aurait une musique de fond. Les prochains mois seraient résumés par flash. On me verrait penchée sur ma table de travail. Ecrivant dans un parc ensoleillé face à un mignon petit couple occupé à se raconter des choses certainement très romantique. Consultant des livres dans une vieille bibliothèque. Apportant les dernières corrections à mon manuscrit. L’imprimant avant de l’envoyer par la poste à un éditeur après un dernier baiser de chance à l’enveloppe. Recevant une réponse positive. Sautant de joie parce que je serais en train de devenir best-seller.
Oui. Si ma vie était un film c’est ce qui se passerait.
Mais la vie réelle ce n’est pas ça.
Et cette fois-ci ne sera pas la bonne. Parce que déjà la fièvre me passe. Déjà l’inspiration déserte mon âme. Et les mots se meurent au bout de mes doigts.
Je voudrais que cette fois-ci soit la bonne.
Mais, à présent que mon cœur s’est calmé, à présent que j’ai sorti de moi ce que j’avais à dire, à présent que le texte ne me vient plus naturellement, la danse de mes mains sur le clavier se ralentit et finit lentement par s’éteindre.
C’était juste une valse entraînante qui éclate aux oreilles. Porte nos pas. Et nous laisse essoufflé et tremblants.
Et on ne peut plus bouger.
Never trust a fish qui voudrait pouvoir danser jusqu'à l'aube